LA CHAIR DES ETOILES

« Le soldat inconnu, c’est elle, ce sont les femmes»

Comment les femmes ont-elles vécu la guerre de 14 ? On sait qu’elles sont massivement allées à l’usine, ont labouré les champs et maintenu les boutiques ouvertes, néanmoins leur vie quotidienne, avec ses souffrances banales et ses difficultés peu glorieuses sont passées sous silence. Pourtant, qu’est-ce que ça signifie de se retrouver dans un monde sans hommes ? D’être obligées d’accomplir des tâches réservées au mari, au frère, au père ? Ces grands bouleversements ordinaires, Jean-Guy les fait vivre par son héroïne, Anna.

Roman de Jean-Guy Soumy
Editions Robert Laffont

:: L’histoire ::
Anna, vingt ans, est mariée depuis trois ans à Pierre. Après l’enrôlement de son mari, l’existence d’Anna subit plusieurs bouleversements. Deux plus particulièrement, et qui touchent à la valeur du corps humain. Enfants gâtés du xxe siècle, nous croyons naïvement que nos corps nous appartiennent. Et c’est ce que croit Anna avant que la guerre ne fasse voler en éclats ses illusions.
Le premier choc, c’est la première permission de Pierre. Il faut imaginer quels maris les femmes accueillaient dans leur lit : des hommes couverts de vermine, alcooliques, incapables de se rappeler les gestes de l’amour… Anna, horrifiée, découvre que la violence faite aux hommes dans les tranchées a pour contrepoint les violences intimes qu’ils infligent à leurs épouses.
Le second choc survient quelques mois plus tard. Devenue munitionnette dans une usine d’armement, Anna connaît l’humiliation attachée à la condition ouvrière. L’amour d’un jeune homme la sauve du suicide. Ils deviennent amants. Mais c’est oublier que si le corps des hommes appartient aux tranchées, le corps des femmes appartient à la Nation. En trompant son époux, Anna trompe tous les soldats. Elle est condamnée pour adultère et jetée en prison.
Elle a tout perdu. Elle est donc libre. Jean-Guy Soumy dresse le portrait d’une femme qui, dans sa lutte contre l’aliénation des corps et les discriminations liées à la condition féminine, est d’une profonde modernité.
sources : ©Robert Laffont 2008

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