LA FENTE D’EAU
La confession hallucinée d’une femme enceinte qui songe au suicide
Un récit poétique, écrit au plus près du corps, par une admiratrice du surréalisme qui s’intéresse d’autre part aux rapports de l’écriture et de la peinture.
Roman de Pascaline Mourier-Casile
Editions Maurice Nadeau
::L’histoire ::
Dans une maison vide près d’un fleuve en crue, une jeune femme, enceinte, attend l’homme qu’elle aime et qui l’aime, dont nous ne saurons que le prénom, François. Elle confie au magnétophone une sorte de confession hallucinée, afin d’essayer de lutter contre l’angoissante sensation qu’elle subit d’être envahie par un corps étranger – l’enfant à venir – qui porte atteinte à sa plénitude et la prive de la liberté, en particulier sensuelle, qui faisait naguère ses délices. Cette liberté sans tabou, elle lui vient d’abord d’une enfance passée dans un pays équatorial, humide et chaud, que sa sensibilité exacerbée recrée dans la splendeur merveilleuse de commencements vécus en compagnie d’un frère qui fut, de fait, son premier amour. Mais les bouffées intenses du souvenir ne restituent pas que l’enchantement. Le paradis exotique était déjà marqué par la mort (senteurs omniprésentes de la décomposition des plantes et des corps, épisodes de l’agonie, sur la plage, d’une tortue géante, de la découverte d’un cadavre humain, du voyage des deux enfants à l’île du lichen), une mort que celle, bien réelle du frère – suggérée en filigrane dès le début du récit – viendra définitivement matérialiser. Paradis perdu, tragédie en marche : François arrivera-t-il à temps pour s’opposer à la tentation récurrente du suicide ? Ce texte écrit au plus près du corps et dépourvu de toute concession à la vulgate de l’épanouissement féminin en maternité, s’arrête sur cette interrogation et ne conclut rien.
sources : ©Maurice Nadeau 2011