LE CHAUFFE-EAU
Histoire de l’humanité T1
Auteur de plusieurs romans, nouvelles et figurines littéraires, traducteur de l’espagnol, du catalan et de l’italien, Antoine Martin applique un style ciselé et un humour sans faille à éviter que la littérature ne se prenne trop au sérieux. On recommandera la lecture des chefs d’oeuvres domestiques que sont » Le sapeur Pompée et la grande échelle Maryse » ou encore « Le Frère de Perez ». Il a été trois fois finaliste du prix Hemingway et a publié en 2008 un recueil de nouvelles « La Cape de Mandrake » (Au diable vauvert) et un recueil de chroniques « Fous de feria », illustré par Michée Jacobi (Sedicom).
Roman de Antoine Martin
Editions Au diable vauvert
::L’histoire ::
« On ne sait plus qui a dit, Charles Péguy peut-être, que les pères de famille étaient les grands aventuriers des temps modernes. Il en a de bonnes, Charles Péguy peut-être. Comme si tous les pères de famille étaient taillés pour l’aventure, si tous avaient l’étoffe à se frotter à cette chiennerie qu’on appelle le quotidien.
Qui ne l’a pas, en tout cas, c’est celui dont on parle dans ces pages, pauvre type ordinaire confronté aux embarras de la vie. Et la vie, c’est bien connu, elle a ses têtes. Il ne semble pas, à ce qu’on raconte, que celle de ce père-ci lui revienne vraiment.
Car contrairement aux apparences, ce qu’on raconte ici n’est pas pour rire. Car qui oserait ironiser à propos d’une fuite d’eau, d’une panne de voiture ou d’un commandement d’huissier, qui aurait le front de se moquer des trois redoutables fourriers de l’adversité que sont le plombier, le garagiste et le facteur ?
On verra comment le père dont on parle ici mobilise contre eux toutes les ressources dont il dispose (gaucherie désespérante, raisonnement névrotique appliqué à l’analyse des fonctions mécaniques ou électriques des objets de confort usuel, incapacité à concevoir le plus petit principe de solution pour s’opposer à la révolte des choses) et comment, à la fin, il s’emberlificote dans les problèmes de robinets, de combustion à quatre temps et d’assiette fiscale.
Non, ce qu’on raconte ici n’est pas pour rire. Sans blague, et même si on a l’air de déconner, comme ça, qui ne serait frappé d’une sainte perplexité face à ces questions, les seules qui vaillent vraiment d’être qualifiés d’historiques, et auprès desquelles le secret du Masque de Fer et l’énigme du courrier de Lyon ressemblent à des devinettes pour fin de noces et banquets : qu’est-ce que c’est, une durit ? Pourquoi faut-il payer une redevance audiovisuelle ? Où j’ai foutu ce putain de tournevis ? C’est là qu’on aimerait bien l’y voir, Charles Péguy peut-être. » Antoine Martin
sources : © Au diable vauvert 2012