MONSIEUR LE COMMANDANT

Une lettre assassine

Entre confession, supplique et journal de l’occupation, cette lettre révèle surtout la fascination d’un homme, écrivain reconnu et antisémite notoire, pour sa belle-fille juive. En s’emparant de cette âme sombre et haineuse, Romain Slocombe réussit là un véritable tour de force littéraire.

Roman de Romain Slocombe
Editions Nil

::L’histoire ::
Écrivain et académicien dans le Paris de l’avant-guerre, Paul-Jean Husson s’est désormais retiré dans une petite ville de Normandie pour se consacrer à son œuvre, émaillée d’un antisémitisme « patriotique ». Lorsque la guerre éclate et que son fils Olivier rejoint la France libre, il prend en charge la protection de sa belle-fille, Ilse, une Allemande aux traits aryens et à la blondeur lumineuse. Sa beauté fait surgir en lui un éblouissement bientôt en contradiction avec toutes ses valeurs, car il découvre qu’Ilse est juive, sans toutefois parvenir à brider l’élan qui le consume. Peu à peu, l’univers si confortable du grand écrivain pétainiste, modèle de bon bourgeois enkysté dans ses ambivalences, vacille. Les secrets de familles sortent comme autant de cadavres de leurs placards et à l’heure où son existence torturée est percée à jour par une Occupation aux effets ontologiques imprévisibles, seule une lettre adressée au commandant de la Kreiskommandantur peut permettre à Husson de sauver la face.
C’est en salaud imaginaire que Romain Slocombe porte en lui une lettre jamais écrite, une lettre de délation ; il prouve ainsi que la part la plus vile de l’âme humaine ne trouve de meilleure place où se révéler que dans le genre épistolaire.
sources : ©Editions Nil 2012

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