Rencontre avec Laurent WAUQUIEZ (1/5 : Le Chômage des Jeunes)

“La compétition des nations se joue désormais sur les talents, la formation et la Recherche”.
Le ton est donné. Afin de répondre à ces enjeux du XXIème siècle, Laurent WAUQUIEZ, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, poursuit une politique engagée depuis 2007 en transformant à très grande vitesse le paysage de l’Enseignement supérieur.
Pour COOLTURE, il revient sur la mise en place des pôles d’excellence, la formation en alternance, la relance de l’ascenseur social, le goût d’entreprendre et nous expose sa vision de l’Avenir.

1 > LE CHÔMAGE DES JEUNES

COOLTURE : Le taux de chômage des jeunes actifs s’élève aujourd’hui en France à près de 25%, soit 2 fois plus que celui de l’ensemble de la population. À cela s’ajoute une entrée sur le marché du travail souvent marquée par de multiples allers-retours entre emploi et chômage dus à des 1ers emplois précaires qui ne correspondent pas toujours à leurs qualifications. Comment expliquer cette tendance qui, on l’oublie souvent, perdure depuis le début des années 1980 ?

Laurent WAUQUIEZ :Avoir un diplôme universitaire est aujourd’hui la meilleure assurance anti-chômage. La principale difficulté concerne les étudiants qui échouent en cours de route et sont donc pénalisés par l’absence de diplôme professionnalisant. Face à ce constat, nous nous sommes attachés depuis 5 ans à lutter contre cet échec et accompagner les étudiants vers la réussite. C’est le sens des réformes que nous avons mises en place en permettant par exemple les réorientations en cours de cursus. Nous avons fait de gros progrès, comme en médecine, où des reconversions sont possibles dès la fin du 1er semestre. Nous avons également accordé une attention toute particulière à la professionnalisation, en développant l’alternance ou l’apprentissage, en généralisant la pratique des stages avec la réforme de la licence, en ouvrant l’université au monde de l’entreprise grâce à la réforme de l’autonomie.”

Au niveau européen, des pays comme l’Allemagne, le Royaume-Uni ou le Danemark notamment, obtiennent de meilleurs résultats en matière d’insertion professionnelle des jeunes. Quels enseignements peut-on tirer de ces expériences ?

L.W. : “Les chiffres de la dernière enquête insertion professionnelle que nous avons menée en 2011 nous montrent que tous diplômes confondus (DUT, Master, licence professionnelle) 92,25% des jeunes ont trouvé un emploi à l’issue d’un master ou d’un DUT, 91,6% pour les diplômés de grandes écoles, ce dont je me réjouis.
L’insertion professionnelle est notre priorité, et dans le cadre de la politique de modernisation de notre système universitaire nous sommes très attentifs aux réussites de nos voisins. L’apprentissage est aujourd’hui un axe que nous souhaitons développer en nous inspirant de l’expérience allemande. Outre-Rhin, cette voie concerne près de 1,6 million de jeunes contre 420.000 apprentis et plus de 600.000 en alternance en France. L’apprentissage y est considéré comme une voie d’excellence par les parents des apprentis et les entreprises qui les accueillent, car cela concilie formation théorique et accès concret à la vie de l’entreprise. C’est un exemple de bonne pratique dont la France doit s’inspirer, car c’est un sésame pour l’emploi.”

– Propos recueillis par Hervé GIRAUD pour Coolture –

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