L’INTERVIEW de Bernard VRANCKEN (3/3)
Suite et fin de notre entretien avec Bernard VRANCKEN.
COOLTURE : Vous avez évoqué votre soif d’apprendre et de découvrir. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Bernard VRANCKEN : Je suis un maniac de la lecture. Je lis plusieurs livre à la fois. Cela me permet de lire en fonction de mon humeur. Je n’ai pas toujours envie de lire le même style tous les jours. Il m’arrive d’en abandonner en cours de route. Je pars du principe qu’il y a tellement de choses intéressantes à lire que ce n’est pas la perdre du temps avec un ouvrage qui ne nous accroche pas.
Je viens de terminer “le Monde perdu de Joey Madden” par David PAYNE (chez 10/18) , “Huis Clos” de Sartre que j’ai lu avant d’aller voir la pièce de théatre. Je lis aussi en ce moment un ouvrage de Julien Green dont j’aime beaucoup de lenteur du récit.
J’ai hâte de lire “les bienveilllantes” de Jonathan Littel (chez Gallimard) et le très noir “Havana Room” de Colin Harrison (chez Belfond).
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:: 3 – Les questions “notre monde“ ::
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Ce qui vous étonne le plus dans le monde actuel ?
La faculté d’oubli ! J’ai une vision globale de l’Histoire humaine. Je ne comprends pas que l’on refasse toujours les mêmes erreurs !!! C’est trop facile de dire “on est comme ça”. Il faut se remettre en question.
L’époque à laquelle vous auriez aimé vivre ?
La notre pour cette facilité que nous avons à nous cultiver. J’ai eu la chance, venant d’un milieu modeste, d’accéder à un niveau vie privilégié et j’ai l’impression que cela n’aurait pas été possible à une autre époque.
La découverte la plus importante pour l’humanité ?
L’Ecriture pour sa faculté d’ouvrir la Culture au plus grand nombre
L’objet qui vous est indispensable ?
Un crayon
L’objet que vous voudriez inventer ?
J’aimerais inventer une machine ludique pouvant servir au plus grand nombre.
J’aimerais inventer un simulateur qui permettrait, par exemple à des enfants handicapés, de vivre des sensations hors du commun vécues par d’autres personnes. C’est déjà un peu ce que je retrouve dans les jeux video. Cela pourra aussi permettre à des gens de vivre un de leurs fantasmes.
Quel personnage créé vous ressemble le plus ?
Dans tous mes personnages il y a une part de moi. J’ai remarqué, par exemple, que mes personnages se meuvent de mieux en mieux depuis je fais de plus en plus de sport. Le dessin est le reflet de ce que l’on est. Faire de la BD, c’est pour moi comme me regarder dans un miroir pour y voir mes qualités mais aussi mes défauts.
Mon dessin a évolué, il s’est décoincé au fur et à mesure que je me suis épanoui dans ma vie familiale et professionnelle. Mais j’y vois encore aujourd’hui un écart entre le travail que j’ai idéalisé et la réalité.
C’est pourquoi j’ai du mal à regarder mes dessins. Je me dis que je ne suis pas encore arrivé à ce que je voudrais que mon dessin idéalisé soit !
À chaque album, je me remets en question car j’espère arriver à une certaine sagesse. Je ne suis peut-être qu’au début d’une progression encore importante!? À 41 ans, j’ai envie de dire “attention les yeux !, vous allez voir ce que vous allez voir !”.
Ça me fait réfléchir à la société dans laquelle nous vivons, qui fait du jeunisme alors qu’il y a tellement de richesse dans la maturité…
Quand je vois les difficultés rencontrées par mon père qui n’a que 59 ans à retrouver un travail… je me dis qu’on ne prend pas assez compte de la force de la maturité en se focalisant exclusivement sur l’énergie de la jeunesse.
Votre souhait pour ces prochaines années ?
Garder le sens des choses. Ainsi I.R.S. est bien sûr une série divertissante mais c’est surtout une série qui est toujours en contact avec la réalité, avec le monde.
Je souhaite aussi rester ouvert aux autres, disponible. Ainsi je dédicace pour faire plaisir. Jeune, je me souviens du plaisir que j’ai eu en ayant la chance de faire dédicacer un album par Hermann.
Quels sont vos envies / vos projets pour les mois qui viennent ?
Grâce à cette série I.R.S., j’ai maintenant le temps de me consacrer à un One Shot pour me faire plaisir.
I.R.S. c’est avant tout un label, peu importe que ce soit Vrancken ou un autre dessinateur. Quelque part c’est une affaire de “right place/right time”. J’ai eu la chance d’être là au bon moment. Mais je ne suis pas accroché coûte que coûte. Pour moi, s’accrocher aux choses est d’une certaine façon un signe de faiblesse, qu’on a rien d’autre à dire…
COOLTURE : Un très grand merci !
:: Découvrez l’intégralité de notre entretien exclusif avec Bernard VRANCKEN::
1ère partie – 2ème partie– 3ème partie
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sources : © Hervé Giraud – Coolture janvier 2007,
sources : © Le Lombard