Rencontre avec Laurent WAUQUIEZ (3/5 : Les Formations en ALTERNANCE)
3 > LES FORMATIONS EN ALTERNANCE : UN NOUVEL ASCENSEUR SOCIAL
COOLTURE : Une des principales difficultés que rencontrent les jeunes est liée à leur manque d’expérience au moment de leur arrivée sur le marché du travail. Suivant l’exemple de l’Allemagne, la France a pris le virage de l’alternance, de la formation dite “duale” alliant la pratique à la théorie. En quoi ce choix est-il gagnant pour les jeunes mais aussi pour les entreprises ?
Laurent WAUQUIEZ : “L’apprentissage et l’alternance augmentent de 80% les chances de trouver un emploi pour les jeunes. Mais c’est aussi un vrai bénéfice pour les entreprises. Une étude allemande a démontré que si un alternant coûtait 2.000 euros par mois, son travail rapportait 4.000 euros à l’entreprise qui lui fait confiance.
Les apprentis sont mis en contact avec des fournisseurs, des clients, des collègues. Ils acquièrent donc rapidement suffisamment de connaissances pour répondre aux exigences des entreprises. L’alternance met l’accent sur les compétences nécessaires à l’exercice d’un métier d’avenir.”
Le gouvernement a annoncé un objectif ambitieux de 800.000 alternants en 2015 et les formations en alternance concernent aujourd’hui tous les profils du CAP au Master et aux grandes écoles. Pourtant les systèmes de pensées ont la vie longue et le grand public associe encore ces formations à des voies de garage pour ceux qui ont échoué. Comment peut-on faire évoluer les mentalités et convaincre les jeunes et leurs familles que toutes les formations en alternance sont nobles qu’elles soient techniques, professionnelles ou supérieures ?
L.W. : “Il faut changer le regard des établissements et des étudiants mais aussi des collectivités pour qui l’apprentissage peut apparaître peu séduisant. Nous devons aussi simplifier la vie des étudiants-apprentis : je pense notamment à la carte « Etudiants des métiers » voulue par le Président de la République qui permet désormais à ces apprentis de bénéficier des services du CROUS.
Les formations en alternance peuvent-elles développer des filières d’excellence et par là-même constituer un nouvel ascenseur social par les études qui redonnera du sens à la méritocratie “à la française” ?
L.W. : “L’alternance joue pleinement son rôle d’ascenseur social puisqu’elle permet au jeune de bénéficier d’une formation gratuite et de percevoir une rémunération. C’est donc une manière de revivifier la méritocratie républicaine. La priorité du Gouvernement est qu’un maximum de formations puisse être réalisé en alternance.
Depuis 2007, le nombre d’apprentis a crû significativement. Le cap des 110.000 apprentis dans l’enseignement supérieur a été franchi. Une formation sur 4 peut être préparée en alternance contre 10% en 1997-1998. Les effectifs d’apprentis dans le supérieur ont augmenté de près de 40% depuis 2007.”
– Propos recueillis par Hervé GIRAUD pour Coolture –