Rencontre avec Laurent WAUQUIEZ (4/5 : Le Goût d’Entreprendre)

4 > LE GOÛT DU RISQUE ET D’ENTREPRENDRE

COOLTURE : Seuls 5% des jeunes diplômés des grandes écoles souhaitent entreprendre. Comment en finir avec cette image de la réussite qui passerait uniquement par un emploi dans un grand groupe international pour un diplômé Bac+5 ?

Laurent WAUQUIEZ : “Il y a en France une vraie culture d’entreprise, et je vous rappelle que le mot d’entrepreneur a même été emprunté au Français par d’autres langues, en particulier l’Anglais ! Le renforcement des liens entre l’enseignement supérieur et l’entreprise, par le développement de l’entreprenariat, est un des objectifs de notre réforme.
Avec le programme des investissements d’avenir, nous consacrons notamment 22 milliards d’euros à l’Enseignement supérieur et à la Recherche. Dans tous les appels à projets qui relèvent de la Recherche, le rôle des partenariats entre le public et le privé doit être explicite. Certains programmes, comme celui des Sociétés d’accélération du transfert de technologie, ont spécifiquement pour objet le passage des résultats de la recherche à la création d’entreprises. Vous imaginez combien nous améliorons ainsi la perception qu’on peut avoir en France de l’entreprise.”

Invité de notre précédent numéro, François BÉHAREL – PDG de Randstad France – déclarait “À l’heure où les compétences évoluent et où des métiers disparaissent, l’enjeu pour les jeunes est d’anticiper les transformations plutôt que de les subir”. La mobilité des compétences et la mobilité géographique seront donc primordiales. Comment l’Enseignement supérieur peut-il s’adapter à ces enjeux majeurs pour les années à venir ?

L.W. : Le défi de l’université du XXIe siècle est de conjuguer transdisciplinarité et spécialisation. C’est ce à quoi nous travaillons en transformant notre paysage universitaire. Des laboratoires de Strasbourg ont lancé des partenariats entre la robotique et le médical ; l’Université d’Auvergne a resserré les liens entre les études de médecine et l’enseignement de l’imagerie médicale en IUT ; à Aix-Marseille, des formations cumulent une approche philosophique et médicale sur les questions d’éthique et le rapport au vivant.
Dans la même perspective, nous avons accompagné la création de Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES), qui regroupent toutes les disciplines et mutualisent les forces des 83 universités, des 225 grandes écoles et des 31 organismes de recherche. Cela doit aller de pair avec un encouragement à la mobilité étudiante, dont le coût ne doit pas être prohibitif pour les classes moyennes et modestes.”

La France a besoin d’ingénieurs pour redynamiser son Industrie. Comment faire pour que les jeunes ingénieurs retrouvent le goût de produire et ne répondent plus aux sirènes de la finance? Comment limiter le “pillage” de ces talents ayant bénéficié d’études quasi gratuites sans contrepartie ou obligation vis-à-vis de l’Etat ou des entreprises du secteur industriel ?

L.W. :Le nombre d’ingénieurs formés chaque année augmente d’une année sur l’autre, mais demeure insuffisant. La Conférence des directeurs d’écoles françaises d’ingénieur (CDEFI) estime que l’on pourrait en former 40.000 au total par an au lieu des 30.000 actuels. Nous étudions aujourd’hui de nombreuses pistes pour aller dans ce sens. Je pense notamment que ce qu’on appelle les «pantoufles», où un jeune voit ses études financées par une entreprise dans laquelle il s’engagerait à travailler quelque temps après sa sortie des études, est une piste intéressante qui pourrait être encouragée”.

– Propos recueillis par Hervé GIRAUD pour Coolture – 

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